Voltaire.

Voltaire et La Tourrette

 

 

Voltaire était en froid avec Rousseau, il avait écrit contre celui-ci « Le docteur Pansophe », pamphlet perçu comme une véritable vengeance.

 

 

Voici ce que Voltaire envoya à La Tourrette.

 

« A Ferney, le 23 Juin 1770.

 

Vous savez peut-être, Monsieur, que l’on a imprimé dans la gazette de Berne, que J.-J. Rousseau vous avait écrit une lettre, par laquelle il souscrivait entre vos mains pour certaine statue. Je vous prie de me dire si la chose est vraie. J’ai peur que les gens de lettres de Paris ne veuillent point admettre d’étranger. Ceci est une galanterie toute française. Ceux qui l’ont imaginée sont tous ou artistes, ou amateurs. M. le Duc de Choiseul est à la tête, et trouverait peut-être mauvais que l’article de la Gazette se trouvât vrai.

Mme Denis vous fait les plus sincères compliments. Agréez, Monsieur, les assurances de mon tendre attachement pour vous et pour votre famille.

 

V O L T A I R E »


 

 

En répondant à Voltaire, le secrétaire de l’Académie de Lyon[1] se borna au récit de ce qui s’était passé. La souscription eut son effet.

 La lettre de Voltaire prouve que La Tourette était en relation encore plus amicale avec le patriarche de Ferney[2]  qu’avec le citoyen de Genève[3].

 

 

Voici quelques renseignements provenant de Dumas, au sujet de cette relation entre Voltaire et La Tourrette.

 

Les premières informations se rapportent au séjour que Voltaire fit à Lyon, du 15 novembre 1754 au 9 décembre de la même année. C’est à cette époque que Voltaire fut reçu à l’Académie de Lyon,  dont il était déjà membre honoraire (Voir Dumas, P 42). Pendant son séjour, Voltaire eut des rapports très fréquents et très amicaux avec MM. de Fleurieu et de La Tourette. On le voit, par le récit des anecdotes recueillies de la bouche de Voltaire par La Tourette et dont nous ne donnons que quelques extraits dans une note.*

 

 


 

Jacques Annibal Claret de Fleurieu.

 

Les relations de Voltaire avec nos deux ancêtres continuèrent les années suivantes avec la même cordialité, comme en témoignent les lettres suivantes :

 

 

A Jacques-Annibal Claret, seigneur de Fleurieu et de La Tourrette:

 

« 21 Janvier 1765, au château de Ferney.

 

Je vous supplie de vouloir bien présenter mes respects à l’Académie : j’y ajoute mes regrets de n’avoir pu assister à ces séances depuis dix ans ; mais un vieux malade ne peut guère se transplanter. Si vous êtes mon doyen académique, je crois que j’ai l’honneur d’être le vôtre dans l’ordre de la nature. Je crois qu’elle vous a traité mieux que moi ; vous écrivez de votre main et c’est ce que je ne puis faire. Vous voyez toute votre aimable famille prospérer sous vos yeux et moi je n’ai pas l’honneur d’avoir des enfants. Madame Denis qui m’en tient lieu vous fait les plus sincères compliments.

Il y a bien des fautes dans le Corneille que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie. Cet ouvrage aurait dû être imprimé à Lyon, plutôt qu’à Genève, Corneille aurait été une des meilleures étoffes de vos manufactures. Elle durera quoique ancienne, et quoi que j’y aie mis une bordure. Pour moi, je ne m’occupe qu’à planter des arbres dont je ne verrai pas l’ombrage ; j’ai trouvé que c’était là le sûr moyen de travailler pour la postérité.

J’ai eu le bonheur de voir quelquefois messieurs vos fils dans la petite chaumière que j’ai bâtie et dans les petites allées que j’ai alignées. Mon bonheur eût été complet, si j’y avais vu le père.

J’ai l’honneur d’être très respectueusement, monsieur, votre très humble.

V O L T A I R E »

 


 

 

Dumas ajoute que « le plaisir de recevoir de pareilles lettres n’étaient jamais assez fréquent au gré de Jacques Annibal Claret de Fleurieu ». On sait qu’ayant reproché à Voltaire de n’avoir pas répondu à l’une de ses lettres, et d’avoir écrit à son fils, M. de La Tourette, il reçut de l’illustre vieillard de Ferney le quatrain suivant :

 

Egalement à tous je m’intéresse ;

Je vois partout les vertus, des talents.

Que l’on écrive au père, à la mère, aux enfants,

C’est au mérite qu’est l’adresse.

 

« Voltaire saisissait toutes les occasions de renouveler l’expression de ses sentiments pour cette famille d’académiciens ; en date du 9 janvier, il ajouta ces mots inédits, comme quelques unes des lettres que je rapporte. »

 

«  Nous sommes fort inquiet de la santé de Mme votre mère ; je lui ai écrit il y a quelques jours. L’abbé Permetti m’a mandé si elle était malade, et nous n’en avons point eu de nouvelles. Donnez-nous en, si vous pouvez, et faites milles compliments pour moi à Monsieur votre père.

Le lac de Genève n’est pas fort chaud … je l’avoue, et le thermomètre a baissé dans les montagnes fort au-dessous de l’hiver de 1709 ; mais nous ne sommes point dans les montagnes. Nous avons des gélinottes, des bécassines, des canards sauvages, et des livres. Il me manque à la vérité deux choses essentielles : la santé et la famille de Monsieur de Fleurieu.

Je remercie tendrement Monsieur de la Tourette de son souvenir. Je compte bien le venir voir à Lyon, si les bains d’Aix me rendent un peu de force. Je renouvelle mes tendres respects à toute sa famille.

 

V O L T A I R E »

 

Enfin, Voltaire chargea la Tourette de faire jouer à Lyon sa tragédie des Scythes ; nous trouvons encore, à ce sujet, dans Dumas, une lettre très affectueuse de Madame Denis que nous ne reproduisons pas, pour ne pas étendre trop cette note mais que le lecteur peut lire dans l’ouvrage cité page 50.

        Ces notes sont révélatrices de la grande notoriété de la famille Fleurieu à Lyon et elles soulignent que le Famille Fleurieu était influente, et vivait avec les Lumières.

 


*" Je tiens de M de Voltaire que Baron jouant devant louis XIV, à Versaille, une tragédie avec le Duc d'Orléans, puis le régent, il trembla prodigieusement, etc"..

Après avoir appris de M de Voltaire tosu les faits que je viens de rapporter sur le Roi de Prusse, Frédéric II, je lui demandai: "mais enfin,comment définissez vos cet homme là? - Alexandre et Pierrot, me répondit il." Mais pourquoi, ajoutai je, y allâtes vous? Vous le connaissiez bien; vous l'aviez vu jeune, vous l'aviez même immortalisé par vos vers. -Ah! Quand j'y fus, me répondit il, c'était bien sciens et volens. Mais j'élevais et je parais une idole pour me venger d'une autre idole; j'abjurais un Dieu, il fallait bien en servir un autre il; m'en faut un" Lire les autres conversations de Voltaire et La Tourette dans Dumas, page 42,43 et 44.

[1] La Tourette

[2] Voltaire

[3] Rousseau

 

SOMMAIRELES PERSONNAGES CELEBRES DE LA FAMILLE FLEURIEU MARC ANTOINE LOUIS  CLARET de LA TOURRETTE VOLTAIRE