Léonard Michon, son parent, auteur du Journal de Lyon, s'exprime ainsi au sujet de la nomination de Jacques-Annibal de Fleurieu à la prévôté :

 

 

« On a tout lieu d'espérer qu'il remplira sa place à la satisfaction du public, car outre qu'il succède à un homme (Camille Perrichon) dont il était fort las et fort mal content, il n'aurait qu'à prendre le contrepied de tout ce qu'à fait son prédécesseur les cinq ou six dernières années de sa prévôté, pour être sûr de s'attirer la bienveillance de tout le monde. Toutes ces bonnes qualités ont bien pu lui procurer la place qu'on lui a donnée, mais à parler franchement, je crois que M. Poulletier, ci-devant intendant de cette généralité, qui avait de l'estime et beaucoup d'amitié pour lui, y a infiniment et peut être entièrement contribué, soit par les bons témoignages qu'il en a donnés à M. le duc de Villeroy qui ne voulait plus continuer M. Perrichon ou par ceux qu'il en a rendus au Ministre qui a voulu prendre son avis pour la nomination à cette place dont il voulait sortir ledit Perrichon. »

 

Le même auteur reproduit aussi, avec de curieux commentaires, la lettre suivante adressée par le duc de Villeroy au nouveau prévôt des marchands :

 

« Connaissant, Monsieur, comme je le fais (il ne le connaissait guère que sur le rapport d'autrui) votre probité, votre droiture, votre désintéressement (ce mot désintéressement pourrait regarder M. Perrichon et en mauvaise part) et votre amour pour la justice, je vous ai proposé au Roy (la question est de savoir si le duc de Villeroy ou si le Ministre lui-même ne le lui a pas proposé) comme un sujet qui lui convient pour la place de Prévôt des marchands de Lyon, et sur une supplication (cela paraît un peu suspect et affecté), il vous a nommé à cette place que M. Perrichon doit quitter à la fin de cette année. Faites attention que cette place est la première de mon gouvernement. Informez-moi de tous les détails qui regardent votre charge. Ne me perdez pas de vue et, quand vous aurez quelques doutes, adressez-les moi avec confiance (cela doit faire juger que le duc de Villeroy a retiré toute sa confiance au sieur Perrichon et qu'il n'entend pas qu'on le consulte sur aucune affaire).

Trouvez bon que dorénavant je retranche avec vous tout cérémonial et tout compliment, je suis bien, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. » Signé : Le duc de Villeroy.

 

 

Le Duc de Villeroy.

 

 

François de Neufville de Villeroy: Il fut ambassadeur de France à Venise en 1668 et en 1688 et gouverneur et lieutenant général du Lyonnais en survivance de son père. Il fut fait chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le 31 décembre 1688 et chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1694.

Dans la carrière militaire, il montra de la bravoure à la guerre, mais, par incapacité et par présomption, il accumula les désastres lorsqu'il fut appelé à commander en chef. Blessé à la bataille de Saint-Gothard, il prit part à de nombreux combats en Flandre puis dans l’armée du Rhin. Élevé à la dignité de maréchal de France en 1693 sans avoir jamais exercé de responsabilités importantes, il reçut en 1695 le commandement de l’armée du maréchal de Luxembourg, ordonna l'absurde bombardement de Bruxelles et perdit la ville de Namur.

 

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