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Voici la lettre de démission de Charles-Pierre de Fleurieu.
Rappelons que
celui-ci a démissionné de sa charge de ministre le 15 avril 1791
Il voulait que son ministère ne soit consacré uniquement à la
marine, et non pas à deux départements « la marine et les colonies ».
Ne se sentant pas compétant de le domaine des colonies mais uniquement dans ce
lui de la marine, et se sentant « trop usé » pour apprendre dans ce domaine les
connaissances nécessaires, il a préféré démissionner sur le refus de la réforme
du ministère par l'assemblée.
Cette lettre selon moi, loin de caractériser un « fuyard » souligne un homme qui
n'ayant jamais vécu dans la médiocrité, se refuse de s'y soumettre. Voulant
toujours bien faire, il ne voulait pas faire son travail à moitié. Voilà
pourquoi il ne se sentait pas d'autres choix que de démissionner.
« Sire,
Lorsque Votre Majesté daigna
m'appeler au département de la marine et des colonies, elle voulut bien
accueillir les observations qu'elle me permit de lui adresser sur la nécessité
de diviser un département dont les détails étaient trop nombreux, trop
compliqués, pour qu'un seul ministre pu y suffire , depuis que la responsabilité
qui lui est imposée exige de sa part une surveillance plus active, plus
immédiate, sur toutes les parties de ce vaste ensemble. Votre Majesté, dans la
lettre dont elle m'honora, voulut bien me répondre qu'elle agréait la division
du département, mais qu'elle désirait que je me chargeasse d'en faire toutes les
expéditions jusqu'à ce que la manière dont s'opérerait cette division pu être
décidée.
Je n'écoutai que
mon zèle et ma soumission aux volontés de Votre Majesté ; j'entrai avec effroi
dans une carrière dont j'avais été à portée de mesurer l'étendue, mais j'étais
soutenu par l'espérance d'une division prochaine, qui, en détachant du
département l'administration des colonies, trop étrangères aux connaissances que
j'avais pu acquérir, le réduirait à l'administration de la marine, à laquelle je
pouvais espérer d'appliquer utilement l'étude et l'expérience de plusieurs
années.
Mais l'assemblée
nationale, qui a pesé dans sa sagesse les avantages et les désavantages, pour la
chose publique, de la séparation des deux départements, s'est décidée pour en
maintenir la réunion.
« J'ose
renouveler à Votre Majesté les représentations que je pris la liberté de lui
adresser avant d'entrer au ministère. L'exercice de quelques mois, bien loin de
m'avoir rassuré sur la mesure de mes forces pour remplir une tâche si vaste, n'a
fait que confirmer dans moi la conviction de leur insuffisance. Trente-six
années effectives d'un service pénible ou d'un travail forcé, une santé toujours
incertaine, des facultés usées, ne me laissent plus la possibilité d'acquérir
les connaissances multipliées qui me manquent et qu'exige l'administration des
colonies. S'il ne s'agissait que de sacrifices de ma part, mon dévouement pour
la personne de Votre Majesté, mon amour du bien public me les rendraient tous
faciles.
Le désir d'être
utile à ma patrie ne m'abandonnera jamais ; tous les instants de ma vie y seront
consacrés ; mais quand on a bien mesuré ses moyens et qu'on les trouve
insuffisants, on doit imposer silence à son zèle et se rendre justice.
« Je dois donc,
en bon serviteur du Roi, en bon citoyen, en honnête homme , supplier Votre
Majesté, et je la supplie, d'agréer ma démission de la charge de secrétaire
d'Etat au département de la marine et des colonies.
« Je ne me permets point, dans ce
moment, de penser à ma position, à mes intérêts ; j'ai dû oublier que je suis
absolument sans fortune.
« Il me suffit
que, pendant le temps que j'ai rempli les fonctions délicates du ministère, ma
conduite ait pu mériter l'approbation de Votre Majesté, et ma conscience
m'assure que l'Assemblée nationale rendra justice à la pureté de mon
administration comme à celle de mes principes. »
Charles-Pierre Claret de Fleurieu.
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