Retour à la biographie              

 


La guerre d'indépendance des États-Unis

 

Louis XVI choisit de voler au secours de la jeune Amérique, il demanda à Fleurieu, directeur des ports et arsenaux de l'aider dans ce projet.

 

Il remit ainsi un premier rapport au Roi établissant les forces en présence.

Le travail immense de Charles- Pierre montre qu'il sera aussi bon marin que stratège, et si ses plans avaient été respectés à la lettre, la victoire aurait été dit on, beaucoup plus glorieuse.

 

On remarquera la clarté et le style extraordinairement simple et précis de Fleurieu.

 

Vaisseau au XVIIIème siècle.

 

Mai 1778

 

    "Je viens de mettre sous les yeux de Votre Majesté le tableau des forces navales d'Angleterre, tel qu'il peut être tracé d'après les informations les plus exactes; j'ai mis en opposition le tableau des forces navales de votre majesté, combinées avec celles de l'Espagne. Il résulte de cette comparaison que la maison de Bourbon peut mettre en mer, dès à présent, 90 vaisseaux de force, et que l'Angleterre ne peut y opposer que 72 Vaisseaux.

 

    Je n'entrerai point ici dans la situation politique de l'Europe et des causes qui peuvent ou accélérer ou retarder une déclaration de guerre; je suppose que la guerre est déclarée, et qu'il est question de faire usage des forces de Votre Majesté pour attaquer et se défendre.

 

    La guerre défensive n'est pas celle des Français: elle humilie la nation; elle glace le courage, détruit l'énergie; elle est incompatible avec l'impatience et l'ardeur du militaire Français.

Une guerre offensive, commencée avec vigueur, conduite avec vivacité, soutenue par des opérations bien combinées et par de grands coups portés à la fois, peut ramener la paix en peu de temps.

 

    D'après ces principes, qui ne seront pas contestés, je vais avoir l'honneur de proposer à Votre Majesté un plan offensif pour attaquer les Anglais dans les différentes parties à la fois. Je ne crois pas me tromper en assurant que les forces navales de la France et de l'Espagne, bien distribuées, peuvent suffire à l'exécution du projet, si toutefois, en bornant la guerre qui menace l'Europe en une guerre de mer, les secours de la France ne sont pas détournés pour pourvoir aux dépenses d'une guerre de terre.

 

    Le plan que je mets sous les yeux de Votre Majesté est fait dans la supposition que les colonies unies de l'Amérique ne se réconcilieront pas, ne feront pas un traité ou une alliance de commerce et de guerre avec l'Angleterre, et que cette puissance sera abandonné à ses propres forces; car; dans la supposition contraire, les secours d'hommes et de munitions qu'elle tirerait de ses anciennes possessions augmenteraient considérablement sa puissance. Le calcul de ces forces ne serait plus le même, et les opérations de la France devraient être soumises à des combinaisons absolument différentes.

 

    Je ne supposerai pas non plus que les colonies unies s'allient à la France pour une guerre offensive; j'admets seulement la neutralité de leur part.

J'ai posé pour base de mon projet que la France et l'Espagne réunies pouvaient armer dès à présent 90 vaisseaux de force, et que l'Angleterre ne pouvait leur opposer que 72.

Je propose la distribution suivante des forces navales de la France et de l'Espagne.

 

Bataille d'Ouessant contre les Anglais (27 juillet 1778)

Huile sur toile de Théodore Gudin, musée de la marine.

 

 

 

Côtes de l'Océan:

 

 

Côtes de la méditérranée:

 

Iles d'Amérique:

 

Mers du Sud

 

Missions particulières:

 

Actuellement employés au dehors:

 

 

En tout 87 vaisseaux armés, dont 47 à la France, et 40 à l'Espagne

 

    Tel est le projet général que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de votre majesté. Chaque objet mérite d'être traité séparément dans un mémoire qui en présente tous les détails. Je n'ai voulu dans celui-ci qu'en présenter l'ensemble.

 

    Quels que soient les projets de Votre Majesté, je regarde comme indispensable de former dès à présent et d'entretenir à Brest une escadre de 25 vaisseaux; d'en composer une seconde de 10 vaisseaux;  en partie de ceux de Toulon, en partie de ceux de Brest, laquelle sera destinée pour les expéditions que Votre Majesté voudrait ordonner; d'entretenir à Toulon une escadre de 7 vaisseaux, et d'en destiner 3 pour les missions particulières: ce qui portera le nombre des armements à 45 vaisseaux.

 

A l'égard des frégates et autres bâtiments inférieurs, l'armement général en a déjà été ordonné.

 

    Sur els 5 vaisseaux qui restent des 50 en état d'être armés, 2  sont actuellement dans Inde et à la Martinique; les 3 autres et les 7 qui seront construits ou refondus à Brest et Rochefort pourront former une escadre de 10 vaisseaux, soit pour être envoyés dans l'Inde, soit pour tout autre entreprise à laquelle Votre Majesté jugerait utile de les employer, et que des circonstances particulières peuvent indiquer. indépendamment des 10 vaisseaux, il en sera construit ou fondu 4 à Toulon, ce qui porterait son escadre, dans l'année, à 11 vaisseaux, non compris les 10 qui auraient passé dans les ports de l'Océan.

    Enfin, tout est prêt de ma part pour l'armement actuel de 45 vaisseaux, si Votre Majesté approuve le projet qui lui présente l'emploi de toutes ses forces."

 

 

Vaisseau français.

 

 

    Au mois de Décembre 1778, un nouveau plan de campagne fut combiné, et proposé pour l'année 1779, dans la double hypothèse du concours de l'Espagne ou de la France, continuant de lutter seule contre l'Angleterre. Ce plan supposait que l'Angleterre pouvait armer 80 vaisseaux, la France en devrait armer 62 et l'Espagne 40. Dès le mois de novembre 1779, le plan des opérations pour la campagne de 1780 fut soumis au Roi.

 

    "Les forces que la marine peut tenir en activité pendant l'année 1780, disait le ministre toujours par l'intermédiaire de Fleurieu, consisteront  en 65 vaisseaux de ligne, 60 frégates, et 90 corvettes ou autres bâtiments. Quelle doit être la répartition des forces?..." Après avoir exposé cinq projets distincts, il ajoutait:

 

    " En résument les cinq projets ci dessus présentés, on peut conclure que celui de poursuivre la conquête des îles anglaises de l'Amérique, et celui de porter la guerre en Asie, ne peut être exécutés cette année: la saison est trop avancée pour le premier, et le second (qui n'est pas dans les vues actuelles du gouvernement) exige des préparatifs tels qu'il serait impossible d'y pourvoir.

 

    Il reste donc à choisir entre des trois derniers: porter des forces considérables dans l'Amérique septentrionale; ou diviser l'armée navale combinée pour en former des escadres destinées à établir des croisières contre les flottes marchandes Anglaises; ou enfin exécuter une descente en Angleterre ou en Irlande avec nos forces réunies, tandis qu'une escadre ferait la conquête de l'île de Minorque, après la reddition de Gibraltar.

 

    Si l'on fait la guerre dans l'Amérique septentrionale, la durée et la dépense de l'expédition ne peuvent être évaluées; l'issue n'en peut être prévue.

Si l'on divise les forces navales d'Europe pour en former des escadres particulières, il est très probable que leurs croisières ne produiront que de très faibles avantages, et que la campagne n'aura pas fait faire un pas faire la paix.

 

    Si l'on s'arrête au projet d'une descente en Angleterre, le succès peut être décisif; la dépense en est à peu prêt connue, et l'Espagne en supportera la moitié.

 

    "Il est instant d'adopter un de ces trois partis ; chacun d'eux exige des dispositions particulières, et les départements qui doivent concourir pour les expéditions ne peuvent connaître trop tôt les intentions du Roi à cet égard, afin qu'ils aient le temps de prendre les mesures nécessaires qui peuvent assurer l'exécution des ordres de Sa Majesté"

 

    La guerre d'Amérique fut glorieusement terminée avec le traité de Paris le 3 septembre 1783.

 

SOMMAIRELES PERSONNAGES CELEBRES DE LA FAMILLE FLEURIEU MENU CHARLES-PIERRE CLARET de FLEURIEU BIOGRAPHIE GUERRE D'INDEPENDANCE