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La comtesse de Genlis.

 

Mémoires inédits de madame la comtesse de Genlis pour servir à l'histoire des XVIII et XIX ème siècles, tom second.

 De Stéphanie Félicité Genlis

  Je voyais très souvent M. de Fleurieu, qui a été depuis dans le ministère ; il me remit à l'étude de l'italien, qu'il savait parfaitement, et dont, malgré toutes ses occupations, il eut l'extrême bonté de me donner régulièrement des leçons deux fois la semaine, pendant six mois. Je n'ai jamais connu personne d'un caractère aussi obligeant ; il était d'une adresse extrême, il savait faire des montres comme un horloger ;
il se chargeait de nettoyer et de raccommoder celles de ses amis ; en outre il tournait, et il faisait d'ailleurs mille jolies choses.

  Un jour, qu'il arriva chez moi, il me trouva occupée à faire garnir de fleurs, en ma présence, par ma femme de chambre, et une fille de boutique de ma marchande de modes, une robe que je voulais absolument avoir pour le lendemain. Comme j’étais fort indécise sur la forme et le dessin de la garniture, M. de Fleurieu donna son avis, qui prévalut ; ensuite il se mit à l'ouvrage, taillant, cousant aussi bien que la meilleure ouvrière, et tout cela avec un sérieux et une simplicité qui me faisaient rire aux larmes; il me grondait de cette gaieté, en disant que cela nous faisait perdre du temps. J'avais fait fermer ma porte, et nous travaillâmes avec acharnement depuis sept heures du soir jusqu'à une heure après minuit, avec le seul relâche d'un petit souper, qui ne dura pas un quart d'heure. La robe fut achevée ; elle eut le lendemain le plus grand succès, tout le monde la trouva charmante.


Il y a eu dans la vie de M. de Fleurieu une singularité remarquable : il a été successivement amoureux de trois femmes formant trois générations ; d'abord, dans sa première jeunesse, d'une personne beaucoup plus âgée que lui ; ensuite de sa fille, qui épousa M. de Mondorge (oncle de M. de Fleurieu).
Cette passion fut très malheureuse. Madame de Mondorge, devenue veuve, se remaria à M. le marquis
d'Arcamballe ; elle eut une fille que vit naître M. de Fleurieu. Aussitôt qu'elle eut atteint l'âge où
l'on peut être mariée, M. de Fleurieu en devint amoureux, et l'épousa. C'est une constance de filiation dont je ne connais pas d'autre exemple.

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